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Servir sans s'asservir

16 Février 2022 Publié dans #Littérature, #Littérature néerlandaise, #XIXè, #Roman, #Colonialisme, #Indonésie, #Java

Max Havelaar (1860) de Multatuli (1820-1887)

Étrange et passionnant roman que ce classique des lettres néerlandaises de 1860 qui narre les malheurs d'un sous-préfet de Java, animé par le sens de la justice et la moralité et contraint de travailler dans un environnement qui interdit à ces valeurs de trouver place : les colonies. Le génie d'Eduard Douwes Dekker dit Multatuli est d'être parvenu à conjuguer la veine du pamphlet (car c'en est un, et qui devait provoquer un scandale aux Pays-Bas par sa description du sort fait aux populations indonésiennes) avec l'ambition littéraire. La relation des démêlés du sous-préfet Havelaar avec l'aristocratie javanaise et son pusillanime préfet mobilise en effet plusieurs registres : récit à la première personne, extraits de correspondances administratives, épisodes fictionnels et poèmes enchâssés dans le corps principal, notes d'un indéterminé narrateur...De surcroît, un brillant récit encadrant enveloppe l'action principale. Il est dû à un affreux négociant en café, type même du commerçant mesquin et amoral (quoique perclus de moralité), qui a mis la main sur les manuscrits d'Havelaar et s'en sert pour écrire son propre ouvrage sur la culture du café. Il y a une verve quasi célinienne dans la logorrhée de cette ordure qui fait évidemment contraste avec la hauteur de vue désintéressée d'Havelaar. Le livre plaira autant aux amateurs de lettres et de récits complexes qu'aux personnes intéressées aux questions coloniales - sa lecture devrait être obligatoire pour les aspirants à la fonction publique.

 

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