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Der Verlorene

15 Mars 2021 Publié dans #Cinéma, #Cinéma allemand, #Peter Lorre, #1950es, #Nazisme

L'homme perdu (1951) de Peter Lorre (1904-1964)

'L'homme perdu' (''Der Verlorene''), est le seul film de Peter Lorre, immortel héros de M le Maudit et second rôle brillant de nombre de chefs d'œuvre du film noir hollywoodien. Ce film étonnant présente l'originalité de faire le pont entre l'expressionisme allemand d'avant guerre et le néo-réalisme italien de l'après-guerre - sans comporter quelque aspect hollywoodien que ce soit - et de traiter d'un sujet rarement abordé au cinéma, la vie des Allemands ordinaires sous le nazisme et après.


Le film commence par un admirable plan de calèches et charriots beignés par la vapeur d'un chemin de fer à un passage à niveau. Le Dr. Karl Rothe (Lorre) prodigue ses soins dans un dispensaire pour réfugiés. Apparaît dans ce camp un dénommé Nowak, qui est en fait l'ancien assistant de Rothe, Hoesch. Pendant la guerre, tous deux travaillaient en effet dans un centre de recherches sur les bactéries. Des flash-backs nous ramènent aux temps de l'Allemagne triomphante. Espion pour le compte de 'la Défense', Hoesch révèle au bon docteur Rothe que sa secrétaire et maîtresse fait passer aux Alliés les résultats de ses recherches - et que lui aussi a pu bénéficier de ses charmes. Sous le coup de cette double trahison, Rothe étrangle la jeune femme. S'en suivent diverses péripéties assez obscures (Rothe participe sans le vouloir à un complot interne aux hautes sphères nazies ; il tue à nouveau une femme inconnue rencontrée dans un train, au terme d'une séquence brillantissime), avant que nous retrouvions nos protagonistes dans leur camp de réfugiés.
Peu importe ces embardées scénaristiques, le charme incomparable de ce film, qui en fait plus qu'une curiosité, c'est son atmosphère inédite. Toutes les scènes du camp de réfugiés semblent sorties de Rosselini et sont coupées de plans beaux comme du Dreyer où Lorre erre sur les voies de chemin de fer et dans les champs vierges qui entourent ces terres oubliées de Dieu. La période nazie donne lieu à d'étonnantes scènes où le fantastique affleure, à la Kafka. Lorre donne une prestation exceptionnelle. Son corps, difforme, n'a jamais été aussi bien filmé; sa voix doucereuse et ses yeux inquiétants savent aussi bien exprimer la violence que la mélancolie la plus noire. Le plan final est inoubliable.

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