Querelle de voisinage
Les bruits de Recife (2012) de Kleber Mendonça Filho
Dans le Nordeste brésilien, un quartier résidentiel de Recife, capitale de l'Etat du Pernambuco. Pendant deux heures, nous allons suivre quelques personnages aux contours psychologiques finement observés : un jeune homme amoureux, qui a un frère voleur de voitures, une femme au foyer insatisfaite, qui ne supporte plus le chien des voisins, un patriarche qui possède le pâté de maisons - et qui recourt, à contrecœur, à une société privée de sécurité qui va occuper la rue. Planent sur les résidents de cette copropriété un mystère, des mystères, qui vont lentement se révéler, jusqu'à une fin très abrupte.
Il est suffisamment rare de voir des films brésiliens pour se réjouir de cette belle réussite, qui de surcroît évite les clichés (foot, samba, favela). Des histoires banales, une caméra assez sage, un rythme plutôt lent : pas de quoi enthousiasmer les foules, certes. Mais la grande qualité du film est de distiller de façon insidieuse un malaise, une étrangeté qui ne naissent pas de procédés dramatiques mais du lent dévoilement des profils des personnages. On pense un peu, pour le fond, à ce qu'écrivait autrefois De Lillo ; on pense aussi, pour la forme, au Despues de Lucia du mexicain Michel Franco ou à la Femme sans tête de l'argentine Lucrecia Martel. Un jeune réalisateur, puisque c'est son premier film, à suivre que ce Kleber Mendonça Filho.