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Une palme d'Or pas si académique que cela

15 Février 2022 Publié dans #Cinéma, #Cinéma suédois, #Billie August, #Ingmar Bergman, #Palme d'Or, #1990es, #Adaptation littéraire, #Séries

Les meilleures intentions (Palme d'Or 1992) de Billie August

 

Le film obtint, de la part d'un jury présidé par Gérard Depardieu (et avec Boorman ou Almodovar, tout de même), la Palme d'Or au festival de Cannes et les critiques pestèrent contre l'académisme de ce choix, posture que ne tempérait guère leur admiration pour Ingmar Bergman, auteur du scénario (à base autobiographique). En relisant la liste des films en compétition, on peut certes arguer que Retour à Howard's end ou The Player auraient fait de meilleures palmes - et constater que le public bouda cette palme alors qu'il avait réservé au précédent film de Billie August, Pelle le conquérant, un accueil plus favorable... Néanmoins, à la revoyure, pas de honte à ce choix et constatons, au contraire, qu'il s'agit d'un très beau film.
Bergman avait dressé dans son chef d'œuvre, Fanny et Alexandre, le portrait terrible d'un père autoritaire et rigide - et des souffrances qu'il avait reçues sous sa férule. Dans ce scénario (que vous pouvez retrouver sous une forme dilatée plus proche du synopsis dans la collection Folio de Gallimard), Bergman revient à la genèse : la formation de pasteur de son père, issu d'un milieu modeste, son mariage avec une riche bourgeoise, leur établissement dans une paroisse perdue du Nord (au désespoir de ses beaux-parents).
Étonnamment, c'est finalement un personnage assez sympathique que ce père. Doutant de lui-même et courageux, complexé et fier, c'est une figure encore en formation : on pourra cependant déduire de sa jeunesse son évolution vers un profil plus tyrannique. On pourra aussi jouer au jeu des analogies avec son cinéaste de fils : la tension spirituelle, le goût de la chair, le refus des conventions sociales. Ce parcours est présenté avec subtilité, par petites touches et avec un grand soin esthétique (magnifiques paysages hivernaux, magnifiques décors intérieurs) - qu'il est vain de reprocher à August. Au risque du sacrilège, l'ensemble n'est pas si éloigné, y compris dans la forme, du Bergman de fanny & Alexandre. On peut cependant regretter que la séquence de l'éducation de l'enfant battu par notre jeune couple soit insuffisamment reliée à la trame générale du récit. Une fois entré dans cet univers, on passe trois heures passionnantes.

 


PS : On trouve les deux versions du film sur le DVD collector : la version feuilleton pour la TV suédoise en quatre épisodes de 335 minutes (diffusée dès 1991) et la version cinéma de 3h.

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