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Presqu'un chef d'oeuvre sur le métissage et le déracinement

24 Mai 2020 Publié dans #Littérature, #Littérature américaine, #Indes, #Jumpa Lahiri, #XXIè, #Roman

Un nom pour un autre (2003) de Jumpa Lahiri

Un saisissant roman de la jeune (née en 1967) écrivaine américaine. Après que leur mariage a été arrangé, Ashima et Ashoke quittent le Bengale pour la Nouvelle-Angleterre où Ashoke prépare sa thèse au MIT. Nolens volens, ils vont s'installer durablement, y devenir propriétaires et y élever leurs deux enfants dont le premier né, baptisé - normalement à titre temporaire - Gogol en hommage à l'écrivain russe, va tardivement recevoir le prénom de Nikhil et hésiter, au fil du roman, entre ses deux prénoms, entre ses racines indiennes et son environnement américain, entre jeunes filles occidentales et bengalies.


Le premier ouvrage de Lahiri, L'interprète des maladieségalement consacré à la diaspora indienne, était porteur de promesses et celui-ci confirme l'éclosion d'un talent exceptionnel. On a rarement lu pages aussi fines et sensibles sur l'expatriation, la double culture, le métissage, observés au prisme de la première comme de la deuxième génération d'émigrés et avec une palette très variée d'angles d'attaque (de la nourriture à l'habitat, aux transports, aux espaces - et évidemment au plan des relations humaines et sociales). L'auteure y a probablement mis beaucoup d'elle-même puisqu'elle est originaire de Calcutta, a grandi à New-York et vit maintenant en Italie avec un Américain d'origine gréco-guatémaltèque. La métaphore du prénom - qui court tout au long du roman - est subtilement présentée et forme un motif sous-jacent qui revient à chaque drame ou étape de la vie de Gogol/Nikhil. Un léger regret : les cinquante dernières pages paraissent un peu forcées et forment comme un autre roman, qui n'était pas nécessaire.
Le roman plaira à tous les amoureux de la littérature indienne anglophone et est recommandé à toutes les personnes qui vivent dans leur quotidien expatriation ou métissage. Cela fait longtemps que je n'avais pas lu roman où éclatent à ce point et à chaque page la sensibilité, l'intelligence, le sens de l'observation de l'artiste.

Photo : Jumpa Lahiri devant la maison natale d'Elio Vittorini à Syracuse

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