La fin de l'Homme
La route (2006) de Cormac McCarthy
Après l'Apocalypse... Les incendies ont ravagé la surface de la terre et détruit faune et flore ; une couche de cendre épaisse recouvre des paysages dévastés que parcourent, transis et affamés, un père et son fils. Ils ne savent où aller et poursuivent le mirage de rejoindre la mer, plus loin au Sud ; ils vivent sous la menace constante d'autres rescapés, plus affamés encore et plus démunis; ils ne savent pas pourquoi continuer à vivre.
Quel incroyable chef d'oeuvre... Pour les fidèles de McCarthy, il était réjouissant de voir qu'après la Trilogie des confins, et alors qu'il a passé les 70 ans, le maître était encore capable de se renouveler et de produire son grand oeuvre, son livre somme, la synthèse parfaite des premières œuvres âpres et hermétiques, comme l'Enfant de Dieu ou le Gardien du verger, des récits de l'errance qui culminaient dans Suttree, du récit d'aventures aux péripéties dramatiques à la De si jolis chevaux. La Route est à la fois un récit d'anticipation et un poème en prose ; une méditation sur la transcendance et un suspense. Quant aux nouveaux adeptes de Mc Carthy (et ils furent nombreux, le livre triomphant partout où il paraissait), ils furent nombreux à être bouleversés jusqu'aux larmes par une langue riche et difficile, alternant l'abstraction la plus élevée et le recours au vocabulaire technique le plus prosaïque, dans un récit qui relie en permanence l'animalité et la transcendance, le corps et l'esprit. Il passe un souffle aérien, celui du génie artistique ou de la grâce, à votre choix, sur cet incroyable roman.
Cormac McCarthy n'a plus publié de roman depuis.