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British rule

19 Mai 2020 Publié dans #Littérature, #Littérature britannique, #XXIè, #James Hawes, #Roman

Pour le meilleur et pour l’Empire / Speak for England (2005) de James Hawes

Brian Marley, professeur d'anglais qui collectionne échecs professionnels et sentimentaux, accepte de participer à un jeu de télé-réalité de type Survivor en Papouasie-Nouvelle Guinée. Vainqueur mais abandonné de tous, l'hélicoptère devant venir le rechercher s'étant crashé et sa balise rendant l'âme, il croit voir arriver sa dernière heure quand il parvient à un piton rocheux et découvre une plaine, perpétuellement masquée par des nuages tenaces, qui abrite une colonie d'Anglais, échoués ici depuis les années 1950. La colonie a perpétué la lignée et s'est reproduite ; elle a conservé et sacralisé les « vraies » traditions britannique, soit un mélange de scoutisme et de xénophobie, de châtiments corporels et d'amour du cricket. Le proviseur de la colonie, figure mémorable, se prend d'affection pour notre rescapé et accepte les bonnes et mauvaises nouvelles de cet improbable messager (un des passages les plus drôles de ce livre très, très drôle : les travaillistes sont au pouvoir mais les syndicats ont été éradiqués ; la Grande-Bretagne est dans l'Union européenne mais continue à suivre les Etats-Unis ; l'Angleterre a gagné la coupe du monde de football ET celle de rugby !). Notre survivant s'acclimatera de manière inattendue aux mœurs fossilisées (encore qu'un peu d'amour libre et de chasse aux cannibales s'y soient glissés) de la colonie mais connaîtra un retour plus qu'ardu au pays.


Un sommet de l'humour anglais que ce « Speak for England » ! Le premier chapitre, consacré à la survie de Marley dans la jungle, mériterait d'être cité intégralement, pas une phrase ne déclenchant pas rire ou sourire. Le point fort du livre réside évidemment dans la description pittoresque des idiosyncrasies de la petite colonie, soit un fond des pires traditions de l'éternelle Angleterre accommodé aux contraintes de la vie dans la jungle. Le trait devient plus lourd lorsque Hawes (né en 1960) raille le New Labour ; il est au plus juste lorsque, dans une veine proche de Jonathan Coe, l'auteur souligne la désespérance du quadragénaire anglais cultivé et impécunieux. Quelque part entre les Monty Python, Alan Moore et le précité Jonathan Coe, une perle.

 

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