Marketa Lazarova (1931) de Vladislav Vancura (1891-1942)

Ce roman de l'écrivain tchèque Vladislav Vancura, mort exécuté par la Gestapo en 1942 en représailles à l'assassinat de Reinhard Heydrich, a fait l'objet d'une sublime adaptation cinématographique par František Vláčil, laquelle m'a donné envie de me plonger dans ce court roman de 1931.

La scène se passe dans les plaines et marais de Bohême au Moyen-Age. Deux familles aristocrates, l'une dirigée par Kozlik, l'autre par Lazar, vivent de rapines et de brigandages en essayant de passer entre les mailles du filet d'un pouvoir royal en cours d'expansion. Un riche prince d'Empire allemand va être kidnappé par l'une des familles, avec des conséquences en cascades puisque les deux familles vont se faire la guerre (Markéta, qui donne son nom au livre, étant kidnappée par la famille de Kozlik) avant d'être pourchassées par les troupes du Roi et celles de l'Empire.
Pleine de bruit, de fureur et de truculence, cette chronique des temps obscurs se lit avec plaisir. Vancura sait varier les registres, comiques, tragiques et même sentimentaux (une belle histoire d'amour croisée entre Markéta et un fils de Kozlik d'une part, entre le prince et une fille de Kozlik d'autre part). Sans masquer la brutalité crasse de ces prédateurs nobliaux, il sait aussi en vanter les mérites : hardiesse et sens de la famille au premier chef. Ce rare roman historique est à lire.

Aristocrates et brigands